Evidemment, pour nous, paroissiens de Chinon, il s’agit du saint d’à côté : autre ville (Saumur), autre diocèse, autre région. La terre de notre paroisse a déjà été foulée par de nombreux saints. Alors, encore un de plus ? C’est aujourd’hui 15 mai que l’Eglise proclame en effet la sainteté de Charles de Foucauld. Ce saint né au milieu du XIXème siècle (1858) est une grâce pour chacun de nous. Par sa vie, il nous montre un de ces multiples chemins que le Père des Cieux trace pour mener tous les hommes à lui. Chemins parfois tortueux, parfois obscurs, mais qui mènent tous à la lumière du Christ ressuscité, celui qui donne sa vie par amour.
Orphelin à 6 ans, Charles n’a pas reçu tout l’amour dont un jeune garçon a besoin pour se développer, se construire. élevé par son grand-père, il intègre l’école d’officiers de Saint-Cyr, avec en tête les héros de la chevalerie et la gloire des batailles. C’est donc la cavalerie qu’il choisit et qui le mène à Saumur. Là, riche d’un héritage important, il le dilapide dans des fêtes grandioses et extravagantes, dans un train de vie digne d’un nabab, mais pas d’un chrétien : l’amour n’est qu’une apparence, un jeu de séduction et d’argent qui mène chaque fois à une rupture, une blessure renouvelée.
Quittant la cavalerie, Charles part explorer le désert marocain, encore un rêve de conquêtes et d’infini. Et le désert le touche ! Dans ce grand silence, ce brûlant soleil, Charles prend goût à cette immensité naturelle qui comble sans jamais rassasier, qui émerveille sans jamais livrer tous ses secrets. De retour à Paris, il goûte enfin aux récompenses du monde (médaille d’or de la Société de Géographie de Paris). Lorsqu’il rencontre l’abbé Huvelin, vicaire à l’église Saint Augustin. « Confessez-vous ! », lui dit le prêtre. Mais Charles ne vient pas pour cela, il a des questions. « Confessez-vous ! » rétorque l’abbé Huvelin. Et Charles se met à genoux. Pour la première fois, il accepte de s’humilier devant un autre, devant son Créateur. Et Charles lâche tout : son péché, ses misères, son désir de paraître, sa soif de posséder et de maîtriser ses semblables. Il se découvre pardonné, c’est-à-dire, aimé gratuitement, sans mérites de sa part, pour ce qu’il est vraiment au fond de lui : un fils de Dieu.
Le bouleversement est grand, Charles a découvert que tout ce qu’il croyait être sa gloire n’est que misère ; il veut être le plus petit dans le monde. Après bien des expérimentations, s’enfonçant toujours plus bas, jusqu’à finir jardinier d’un couvent en Terre Sainte, il rentre chez les Trappistes à 32 ans, puis devient ermite et enfin prêtre, en 1901. Il part alors retrouver son désert, près des Touaregs à qui il désire désormais consacrer sa vie. Ermite à Tamanrasset, il est assassiné par des pillards, trahi par un jeune Touareg de ceux à qui il avait consacré sa vie…
L’itinéraire pris par Charles ressemble beaucoup à celui du Christ. Cet homme est tombé amoureux du Christ. En rencontrant Jésus qui pardonne, Charles a trouvé la réponse à toutes ses angoisses, à tous ses manques de l’enfance : oui, il est aimé. Et il est aimé plus encore que ce qu’il espérait : il y a 2000 ans, Jésus a donné sa vie pour lui, par amour. Amour pour amour, Charles veut alors aussi donner sa vie à Dieu et s’abandonner à lui complètement. Il veut être toujours plus semblable au Christ afin d’être, comme le Christ, fils du Père. Charles a cousu sur son vêtement le Sacré-Cœur de Jésus, signe de son amour infini, ainsi que la Croix, instrument de la tendresse de Dieu, de sa miséricorde, supplice par lequel il rachète nos fautes et nous rend à la vie.
Sachons nous inspirer de la vie de ce saint « de plus » pour découvrir nous aussi, au plus profond de nous-mêmes, la présence de ce Dieu d’amour qui veut remplir nos cœurs, éclairer le sens de nos vies. Plus je m’abandonne, et plus il m’habite.
Saint Charles de Foucauld, priez pour nous !