Question lors du vol retour Marseille-Rome au Pape François le 23/09/2023

Clément Melki de l’Agence France-Presse (AFP)

Bonsoir, Saint-Père. Vous avez rencontré Emmanuel Macron ce matin après avoir exprimé votre désaccord concernant l’euthanasie. Le gouvernement français s’apprête à adopter une loi controversée sur la fin de vie, pourriez-vous nous dire ce que vous avez dit au Président français à ce sujet ? Et si vous pensez pouvoir lui faire changer d’avis ? Je vous remercie.

 

Pape François

Nous n’en avons pas parlé aujourd’hui, mais nous en avons parlé lors de l’autre visite, lorsque nous nous sommes rencontrés, et je me suis exprimé clairement lorsqu’il est venu au Vatican. Je lui ai dit clairement mon opinion, clairement : on ne joue pas avec la vie, ni au début ni à la fin, on ne joue pas. Et ce n’est pas mon avis, c’est qu’il faut protéger la vie ! Parce que tu finiras avec cette politique de sans-douleur, d’euthanasie humaniste… À ce propos, je voudrais réitérer l’invitation à lire un livre : il s’agit d’un roman de 1907, intitulé « Le seigneur du monde » The Lord of the World ou The Lord of the Earth, qui porte les deux titres. L’auteur est Benson, un écrivain futuriste : il montre comment les choses seront à la fin. Tout est… on supprime les différences, toutes ; et on supprime les douleurs, toutes ; et l’euthanasie est l’une de ces choses : la mort douce ; et la sélection avant la naissance… Cela nous montre comment cet homme avait vu d’avance les conflits actuels. Aujourd’hui, prenons garde aux colonisations idéologiques qui détruisent la vie humaine, qui vont contre la vie humaine. Aujourd’hui, on supprime la vie des grands-parents, par exemple, alors que la richesse humaine passe par le dialogue des petits-enfants avec les grands-parents. On supprime, ils sont vieux, ils ne servent à rien. On ne joue pas avec la vie. Cette fois-ci, je n’en ai pas parlé avec le président, mais la dernière fois oui, lorsqu’il est venu, et j’ai dit ce que je pensais : on ne joue pas avec la vie. Qu’il s’agisse de la loi interdisant à un enfant de grandir dans le ventre de sa mère ou de la loi sur l’euthanasie en cas de maladie ou de vieillesse. Et je ne dis pas que c’est une question de foi, non, c’est une chose humaine, humaine. Il s’agit d’une forme hideuse de compassion. Aujourd’hui, la science est parvenue à faire en sorte que certaines maladies douloureuses soient moins douloureuses et les accompagne de nombreux médicaments. Mais avec la vie, on ne joue pas. Avec la vie, on ne joue pas.

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