Écoutons donc, en ce temps de Carême, la voix du Seigneur qui ne se lasse pas de nous répéter : entre dans le secret. Entre dans le secret, reviens au cœur. C’est une invitation salutaire, pour nous qui vivons souvent de manière superficielle, qui nous agitons pour être remarqués, qui avons toujours besoin d’être admirés et appréciés. Sans nous en rendre compte, nous nous retrouvons à ne plus avoir de lieu secret dans lequel nous arrêter et nous protéger, immergés dans un monde où tout, y compris nos émotions et nos sentiments les plus intimes, doit devenir “social” – mais comment peut être social ce qui ne jaillit pas du cœur ? – Même les expériences les plus tragiques et les plus douloureuses risquent de ne pas avoir de lieu secret qui les protège : tout doit être exposé, exhibé, livré au bavardage du moment. Et voici que le Seigneur nous dit : entre dans le secret, rentre au centre de toi-même. C’est précisément là, où résident aussi tant de peurs, de sentiments de culpabilité et de péchés, que le Seigneur est descendu, il est descendu pour te guérir et te purifier. Entrons dans notre chambre intérieure : c’est là que le Seigneur habite, que notre fragilité est accueillie et où nous sommes aimés sans condition.
Revenons, frères et sœurs. Revenons à Dieu de tout notre cœur. En ces semaines de Carême, faisons place à la prière d’adoration silencieuse, dans laquelle nous restons à l’écoute de la présence du Seigneur, comme Moïse, comme Élie, comme Marie, comme Jésus. Avons-nous réalisé que nous avons perdu le sens de l’adoration ? Revenons à l’adoration. Prêtons l’oreille du cœur à Celui qui, dans le silence, veut nous dire : « Je suis ton Dieu : Dieu de miséricorde et de compassion, le Dieu du pardon et de l’amour, le Dieu de la tendresse et de la sollicitude. […] Ne te juge pas toi-même. Ne te condamne pas. Ne te refuse pas toi-même. Laisse mon amour toucher les recoins les plus profonds et cachés de ton cœur et te révéler ta beauté, une beauté que tu as perdue de vue, mais qui te deviendra à nouveau visible dans la lumière de ma miséricorde ». Le Seigneur nous appelle : « Viens, viens, laisse-moi sécher tes larmes et laisse ma bouche venir plus près de ton oreille et te dire : Je t’aime, je t’aime, je t’aime » (H. Nouwen, In cammino verso l’alba, Brescia 1997, p. 233). Croyons-nous que le Seigneur nous aime, que le Seigneur m’aime ?