Extrait du discours de clôture de l’Assemblée plénière des Evêques de France du 31 mars 2023

[…] Cela dit, chers Frères et Sœurs, chers amis, nous ne sommes pas naïfs. Si j’évoque le printemps, si cette assemblée a eu précocement une saveur de jardin de Pâques, la liturgie de la Messe nous a ramenés jour après jour au prix de la réalité. Nous avons contemplé jeudi le « Je suis » solennel du Seigneur Jésus qui nous fait entrer dans l’alliance nouvelle et éternelle, nouvelle parce que sans cesse rajeunie en Celui qui ne cesse de dire « oui » au Père qui l’a envoyé. Ce « Je suis », nous en recevons la permanence et le dynamisme en chaque Eucharistie que nous célébrons, dans la force si faible ou la faiblesse si forte de la parole : « Ceci est mon Corps livré pour vous, ceci est mon Sang versé pour vous », par quoi Jésus, le Messie d’Israël et la lumière des nations, fait de nous « un seul corps et un esprit en lui », « une éternelle offrande à la gloire du Père ». Mercredi, nous avons entendu le Christ proclamer : « La vérité vous rendra libres » mais aussi nous a été rappelé que ceux qui entendent cette parole sont ceux et celles qui acceptent d’entendre aussi : « La vérité est morte. On n’en parle plus », sentence redoutable du prophète Jérémie qui dénonce la disjonction toujours possible entre la bonne conscience des hommes et des femmes religieux, l’autosatisfaction qui n’est jamais très loin de l’attitude religieuse et la vérité du respect et de l’attention à autrui et la justice sociale. Nos travaux de ces jours nous amenaient à prendre pour nous la dénonciation du prophète et la promesse du Seigneur. La vérité qui nous rend libres n’est pas l’énoncé de vérités même de foi mais leur profession à partir de notre propre chair et jusque dans le détail de nos comportements, avec la volonté de nous arracher ou de nous laisser arracher à l’attraction mortifère du péché qui se retrouve dans nos peurs, nos médiocrités, nos besoins de plaire ou de posséder. Et nous savons qu’un tel arrachement ne nous est possible que par Celui qui est descendu d’en haut pour nous rejoindre dans notre en bas et nous entraîner avec lui dans sa gloire de Fils du Père, celui qui, comme nous l’avons médité mardi, vient nous chercher dans nos découragements, nous faire lever la tête vers le Père, source de toute vie et de toute bonté, nous conduire dans l’union avec Celui qui est au-dessus de tout, par tous et en tous.

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