S’habituer à relire sa propre vie éduque le regard, l’affine, permet de remarquer les petits miracles que le bon Dieu accomplit pour nous chaque jour. Quand nous sommes attentifs, nous remarquons d’autres directions possibles qui renforcent le goût intérieur, la paix et la créativité. Et surtout, cela nous libère des stéréotypes toxiques. Il a été dit avec sagesse que l’homme qui ne connaît pas son passé est condamné à le répéter. C’est curieux : si nous ne connaissons pas le chemin que nous avons parcouru, le passé, nous le répétons toujours, nous tournons en rond. La personne qui tourne en rond n’avance jamais, il n’y a pas de chemin, c’est comme le chien qui se mord la queue, elle va toujours comme ça, elle répète les choses.
Nous pouvons nous demander : ai-je déjà raconté ma vie à quelqu’un ? C’est une belle expérience vécue par des fiancés qui, lorsqu’ils deviennent sérieux, se racontent leur vie… C’est l’une des formes de communication les plus belles et les plus intimes, raconter sa propre vie. Elle nous permet de découvrir des choses jusqu’alors inconnues, petites et simples, mais, comme le dit l’Évangile, c’est précisément des petites choses que naissent les grandes (cf. Lc 16, 10).
Les vies des saints constituent également une aide précieuse pour reconnaître le style de Dieu dans notre vie : elles permettent de se familiariser avec sa manière d’agir. Certains comportements des saints nous interpellent, nous indiquent de nouvelles significations et de nouvelles opportunités. C’est ce qui est arrivé, par exemple, à saint Ignace de Loyola. Quand il décrit la découverte fondamentale de sa vie, il ajoute une précision importante, et il dit ceci : « Par expérience, il avait déduit que certaines pensées le laissaient triste, d’autres joyeux ; et peu à peu il apprit à connaître la diversité des pensées, la diversité des esprits qui s’agitaient en lui » (Autob., n° 8). Connaître ce qui se passe en nous, connaître, rester attentifs.