Célébrer la Sainte Trinité n’est pas tant un exercice théologique, qu’une révolution dans notre mode de vie. Dieu, en qui chaque Personne vit pour l’autre en relation continue, en rapport continu, non pour elle-même, nous appelle à vivre avec les autres et pour les autres. Ouverts. Aujourd’hui, nous pouvons nous demander si notre vie reflète le Dieu auquel nous croyons : moi qui professe la foi en Dieu Père et Fils et Saint-Esprit, est-ce que je crois vraiment que pour vivre, j’ai besoin des autres, j’ai besoin de me donner aux autres, j’ai besoin de servir les autres ? Est-ce que je l’affirme à travers les mots ou est-ce que je l’affirme à travers ma vie ?
Chers frères et sœurs, le Dieu un et trine doit se manifester ainsi, en actes plutôt qu’en paroles. Dieu, qui est l’auteur de la vie, se transmet moins par les livres que par le témoignage de la vie. Lui qui, comme l’écrit l’évangéliste Jean, « est amour » (1 Jn 4, 16), se révèle à travers l’amour. Pensons aux personnes bonnes, généreuses, douces que nous avons rencontrées : en nous souvenant de leur façon de penser et d’agir, nous pouvons avoir un petit reflet de Dieu-Amour. Et que signifie aimer ? Pas seulement aimer et faire le bien, mais d’abord, à la racine, accueillir, être ouverts aux autres, faire de la place aux autres, donner de la place aux autres. Cela signifie aimer, à la racine.
Pour mieux le comprendre, pensons aux noms des Personnes divines, que nous prononçons chaque fois que nous faisons le signe de croix : dans chaque nom, il y a la présence de l’autre. Le Père, par exemple, ne le serait pas sans le Fils ; de même le Fils ne peut être considéré seul, mais toujours comme le Fils du Père. Et le Saint-Esprit, à son tour, est l’Esprit du Père et du Fils. En bref, la Trinité nous enseigne que l’un ne va jamais sans l’autre. Nous ne sommes pas des îles, nous sommes dans le monde pour vivre à l’image de Dieu : ouverts, ayant besoin des autres et ayant besoin d’aider les autres. Posons-nous alors cette dernière question : dans la vie de tous les jours, suis-je moi aussi un reflet de la Trinité ? Le signe de la croix que je fais chaque jour — Père et Fils et Saint-Esprit —, ce signe de la croix que nous faisons chaque jour, reste-t-il un geste pour lui-même ou inspire-t-il ma façon de parler, de rencontrer, de répondre, de juger, de pardonner ?