Le premier signe prodigieux raconté par Jean (2, 1-11) s’accomplit à Cana de Galilée. Il s’agit d’une sorte de « portail d’entrée», dans lequel sont inscrits des mots et expressions qui éclairent le mystère tout entier du Christ et ouvrent le cœur des disciples à la foi. Voyons-en quelques-uns.
Dans l’introduction, nous trouvons l’expression « Jésus avec ses disciples » (v. 2). Ceux que Jésus a appelés à sa suite, il les a liés à lui dans une communauté et à présent, comme une unique famille, ils sont tous invités aux noces. En entamant son ministère public durant les noces de Cana, Jésus se manifeste comme l’époux du peuple de Dieu, annoncé par les prophètes, et nous révèle la profondeur de la relation qui nous unit à Lui: c’est une nouvelle Alliance d’amour. Qu’y a-t-il au fondement de notre foi ? Un acte de miséricorde par lequel Jésus nous a liés à lui. Et la vie chrétienne est la réponse à cet amour, c’est comme l’histoire de deux amoureux. Dieu et l’homme se rencontrent, se cherchent, se trouvent, se célèbrent et s’aiment : précisément comme le bien-aimé et la bien-aimée dans le Cantique des Cantiques. Tout le reste se pose comme conséquence de cette relation. L’Église est la famille de Jésus dans laquelle se reverse son amour; c’est cet amour que l’Église protège et veut donner à tous.
Dans le contexte de l’Alliance, l’on comprend également l’observation de la Vierge : « Ils n’ont pas de vin » (v. 3). Comment est-il possible de célébrer les noces et de faire la fête s’il manque ce que les prophètes indiquaient comme étant un élément typique du banquet messianique (cf. Am 9, 13-14 ; Jl 2, 24 ; Is 25, 6) ? L’eau est nécessaire pour vivre, mais le vin exprime l’abondance du banquet et la joie de la fête. C’est une fête de noces à laquelle il manque le vin ; les nouveaux époux éprouvent de la honte vis-à-vis de cela. Mais imaginez-vous finir une fête de noces en buvant du thé ; ce serait une honte. Le vin est nécessaire pour la fête. En transformant en vin l’eau des jarres utilisées « pour la purification rituelle des juifs » (v. 6), Jésus accomplit un signe éloquent : il transforme la Loi de Moïse en Évangile, porteur de joie. Comme le dit ailleurs Jean : « La Loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (1, 17).
Les paroles que Marie adresse aux serviteurs viennent couronner le cadre sponsal de Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (v. 5). C’est curieux : ce sont ses derniers mots rapportés par les Évangiles : ils sont l’héritage qu’elle nous transmet à tous. Aujourd’hui aussi, la Vierge nous dit à tous : « Tout ce qu’il vous dira — ce que Jésus vous dira — faites-le ». C’est l’héritage qu’elle nous a laissé : c’est beau ! Il s’agit d’une expression qui rappelle la formule de foi utilisée par le peuple d’Israël au Sinaï en réponse aux promesses de l’alliance : « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons ! » (Ex 19, 8)