Un changement — ou plutôt un développement — plein de sens s’est produit en ce qui concerne le cri «Viens!», «Viens, Seigneur». Il ne s’adresse pas seulement au Christ, mais aussi à l’Esprit Saint lui-même! Celui qui crie est désormais aussi Celui à qui l’on crie. «Viens» est l’invocation par laquelle commencent presque tous les hymnes et les prières de l’Eglise adressées à l’Esprit Saint: «Viens, Esprit Créateur», disons-nous dans le Veni Creator , et «Viens, Esprit Saint», «Veni Sancte Spiritus », dans la séquence de la Pentecôte; et il en a de même dans de nombreuses autres prières. Il est juste qu’il en soit ainsi, car, après la Résurrection, le Saint-Esprit est le véritable alter ego du Christ, Celui qui prend sa place, qui le rend présent et opérant dans l’Eglise. C’est Lui qui fera connaitre les choses à venir (cf. Jn 16, 13) et les fait désirer et attendre. C’est pourquoi le Christ et l’Esprit sont inséparables, y compris dans l’économie du salut. L’Esprit Saint est la source toujours jaillissante de l’espérance chrétienne. Saint Paul nous a laissé ces précieuses paroles: «Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint» (Rm 15, 13). Si l’Eglise est un bateau, l’Esprit Saint est la voile qui le propulse et le fait avancer sur la mer de l’histoire, aujourd’hui comme hier!
L’espérance n’est pas un vain mot, ni un vague souhait que les choses aillent bien: l’espérance est une certitude, parce qu’elle est fondée sur la fidélité de Dieu à ses promesses. Et c’est pourquoi elle est appelée vertu théologale: parce qu’elle est insufflée par Dieu et qu’elle a Dieu pour garant. Ce n’est pas une vertu passive, qui se contente d’attendre que les choses arrivent. C’est une vertu extrêmement active qui contribue à leur réalisation. Quelqu’un qui a lutté pour la libération des pauvres a écrit ces mots: «L’Esprit Saint est à l’origine du cri des pauvres. Il est la force donnée à ceux qui n’ont pas de force. Il mène la lutte pour l’émancipation et la pleine réalisation du peuple des opprimés».
Le chrétien ne peut se contenter d’avoir de l’espérance, il doit aussi rayonner l’espérance, être un semeur d’espérance. C’est le plus beau cadeau que l’Eglise puisse faire à l’humanité entière, surtout dans les moments où tout semble pousser à baisser les voiles.
L’apôtre Pierre exhortait les premiers chrétiens en ces termes: «Adorez le Seigneur, le Christ, dans vos cœurs, toujours prêts à répondre à quiconque vous interroge sur l’espérance qui est en vous». Mais il a ajouté une recommandation: Toutefois, faites-le «avec douceur et respect» (1 P 3, 15-16). Et cela n’est pas tant la force des arguments qui convaincra les gens, mais l’amour que nous savons y mettre. C’est la première et la plus efficace des formes d’évangélisation. Et elle est ouverte à tous!
Chers frères et sœurs, que l’Esprit nous aide toujours, toujours à «abonder en espérance par la vertu de l’Esprit Saint»!